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pris la chose moins philosophiquement que je ne croyais, et que je n’aurais fait à sa place. Mais il y a eu des procédés qui l’ont blessé, à ce que je crois. Quant aux mesures libérales, je ne sais trop qu’en penser ; il faut voir à l’œuvre. Je ne pense pas qu’elles fussent nécessaires ; mais, en principe, il vaut mieux donner que d’accorder ce qu’on demande après avoir laissé le temps de demander et d’être impatient. D’un autre côté, il se peut que l’empereur cherche dans les Chambres un appui pour sortir de la fausse position où nous sommes en Italie, gardant un pape qui nous excommunie in petto, et près de nous brouiller avec nos amis pour ménager la vanité d’un bambin[1] qui ne nous a jamais voulu de bien. Il est clair que, si les Chambres, dans leur adresse, recommandent la doctrine de non-intervention, ce sera un motif pour retirer de Rome le général de Goyon, et laisser les Piémontais se débrouiller comme ils l’entendront et comme ils le pourront. Ici, je dis dans toute la France, les gens qui mettent des habits noirs et qui se prétendent puissants sont

  1. L’empereur d’Autriche.