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à petit. — Vous me demandez des explications sur le brouillamini actuel. Vous n’êtes pas dégoûtée ! Malheureusement, personne n’y comprend rien. Lisez le Constitutionnel d’aujourd’hui. Il y a un article intéressant et inspiré de la Guéronnière. Il dit en substance : « Je ne puis pas approuver qu’on attaque les gens qui ne vous font rien ; mais, d’un autre côté, je ne m’intéresse nullement à ceux qu’on dépouille, et je ne veux pas qu’on les aide autrement que par des conseils. » Hier, je suis allé à Saint-Cloud, où j’ai déjeuné en tête-à-tête presque avec l’empereur, l’impératrice, et « Monsieur fils », comme on dit à Lyon ; tous en très-bonne santé et bonne humeur. J’ai longtemps causé avec l’empereur, surtout d’histoire ancienne et de César. Il m’étonne par la facilité avec laquelle il comprend les choses d’érudition, dont il n’a pris le goût qu’assez récemment. L’impératrice m’a raconté des anecdotes assez curieuses de son voyage en Corse ; l’évêque lui a parlé d’un bandit nommé Bosio, dont l’histoire a l’air d’avoir été copiée sur Colomba. C’est un fort honnête garçon, que les conseils d’une femme ont poussé à commettre deux ou trois petits meurtres. On