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Mademoiselle Alboni, qui jouait Rosine, chantait admirablement, avec l’expression d’une serinette. Gardoni chantait comme un homme comme il faut, qui craint d’avoir l’air d’un acteur. Il me semble que, si j’avais été Rossini, je les aurais tous battus. Il n’y avait que le Basile, dont je ne me rappelle plus le nom, qui ait chanté comme s’il comprenait les paroles. — Vous m’avez promis une description exacte et circonstanciée de quantités de choses intéressantes que je ne puis voir. Grâce aux priviléges de votre sexe, vous pouvez entrer dans les harems et causer avec les femmes. Je voudrais savoir comment elles sont habillées, ce qu’elles font, ce qu’elles disent, ce qu’elles pensent de vous. Vous m’avez aussi parlé de danses. Je suppose que c’est plus intéressant que ce qu’on voit aux bals de Paris ; mais il me faudrait une description un peu détaillée. Avez-vous compris le sens de ce que vous voyez ? Vous savez que tout, ce qui se rapporte à l’histoire de l’humanité est plein d’intérêt pour moi. Pourquoi n’écririez-vous pas sur un papier ce que vous voyez et ce que vous entendez ?

Je ne sais s’il y aura du Compiègne cette année.