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pour un mois et plus. Vous ne me dites rien de la cuisine du pays. Y a-t-il quelque chose de bon ? Si oui, emportez la recette. Adieu, chère amie.

CCXXVI

Paris, 16 octobre 1860.

Chère amie, j’ai reçu votre n° 5, pas par un convoi de grande vitesse. Je suppose qu’il a eu un de ces coups de vent dont le journal nous parle tous les matins. Il paraît que la Méditerranée fait des siennes cette année. Je vous envie le soleil et la chaleur dont vous jouissez. Ici, c’est toujours pluie ou brouillard, quelquefois humidité chaude, plus souvent humidité froide, toujours aussi désagréable que possible. Paris est toujours complétement vide. Je passe mes soirées à lire et quelquefois à dormir. Avant-hier, j’ai voulu entendre de la musique et je suis allé aux Italiens. On jouait le Barbier. Cette musique, qui est la plus gaie qu’on ait jamais écrite, était exécutée par des gens qui avaient tous l’air de revenir d’un enterrement.