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Milanais que j’ai rencontrés, qui m’ont toujours fait l’effet de Français de province. Si vous trouviez à Venise un vieux livre latin quel qu’il soit de l’imprimerie des Alde, grand de marge, qui ne coûte pas trop cher, achetez-le-moi. Vous le reconnaîtrez aux caractères italiques et à la marque, qui est une licorne avec un dauphin qui s’y tortille. Je pense que vous ne m’écrirez guère ayant si nombreuse compagnie avec vous. Cependant, vous devriez de temps en temps me charmer de vos nouvelles et me faire prendre patience : vous savez que je ne possède pas votre vertu. Adieu ; amusez-vous bien, voyez le plus de belles choses que vous pourrez, mais ne vous mettez pas en tête le désir de tout voir. Il faut se dire : « Je reviendrai. » Il vous en restera toujours assez dans la mémoire pour vous occuper. Je voudrais bien aller en gondole avec vous. Adieu encore ; surtout soignez-vous et ne vous fatiguez pas.