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« Maintenant, ils sont trop Italiens pour se battre contre Garibaldi ; dans un mois, ils seront trop royalistes pour se battre contre les Autrichiens. » Il est impossible de s’imaginer la fureur des carlistes et des orléanistes. Un Italien assez sensé me dit que M. de Cavour a fait entrer l’armée sarde dans les États de l’Église, parce que Mazzini allait y faire une révolution. Je trouve à cela quelque vraisemblance. Vous aurez vu probablement les fêtes de Marseille. On m’écrit que c’était fort beau et que l’enthousiasme a été à la fois réfléchi et bruyant ; qu’il y a eu beaucoup d’ordre malgré une multitude immense, exaltée et méridionale. Manger paraît avoir été la chose la plus difficile, et coucher quelque part à peu près autant. Le spectacle des Marseillais dans leur état ordinaire m’amuse toujours ; leur état d’excitation devait être encore plus drôle ; et, pour cela, et pour autre chose encore que vous devinerez, je regrette de n avoir pas été à Marseille ou aux environs. Panizzi, qui a un grand goût pour la locomotion, pense à aller faire un voyage de huit jours à Turin et me presse de l’accompagner. J’en aurais grande envie, mais je n’ose. Il me paraît un peu