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nait d’aller voir lady *** sur le bord de la mer, dans les premiers jours d’août, j’espère que vous voudriez bien m’en faire part. Je me figure que la campagne anglaise doit être belle en ce moment, et qu’il serait agréable de passer quelques jours chez votre amie à flâner et à regarder la mer, à manger des crevettes et à prendre le thé les fenêtres ouvertes. Je suis toujours un peu malade. Hier surtout, j’étais très-mal à mon aise. J’ai cependant mon nouvel ami pour me tenir compagnie. C’est un hibou que j’élève, et qui a des sentiments. Je le lâche après dîner et il vole par ma chambre, et, faute de petits oiseaux, prend des mouches très-adroitement. Il a une physionomie très-drôle et ressemble aux gens remplis de prétentions, par son air et son expression ultra-graves. — Nous avons eu un enterrement terrible. Nous avons été sept quarts d’heure à défiler entre le Palais-Royal et les Invalides, puis la messe, puis une oraison funèbre de l’abbé Cœur, qui a loué les principes de 89, tout en disant que nos soldats étaient prêts à mourir pour défendre le pape. Il a dit encore que le premier Napoléon n’aimait pas la guerre et qu’on l’a toujours con-