Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

électrique, ressemblait au festin de Balthazar dans le tableau de Wrowthon. L’empereur avait beau changer de domino, on le reconnaissait d’une lieue. L’impératrice avait un bournous blanc et un loup noir qui ne la déguisait nullement. Beaucoup de dominos, et, en général, fort bêtes. Le duc de *** se promenait en arbre, vraiment assez bien imité. Je trouve qu’après l’histoire de sa femme, c’est un déguisement un peu trop remarquable. Si vous ne savez pas l’histoire, la voici en deux mots : sa femme, qui est une demoiselle *** (dont, par parenthèse, la mère devait être ma marraine, à ce qu’on m’a dit), est allée chez Bapst, et a acheté une parure de soixante mille francs, en disant qu’elle la renverrait le lendemain si elle ne lui convenait pas. Elle n’a rien renvoyé, ni argent ni parure. Bapst a redemandé ses diamants : on lui a répondu qu’ils étaient partis pour le Portugal, et, en fin de compte, on les a retrouvés au Mont-de-Piété, d’où la duchesse de *** les a retirés pour quinze mille francs. Cela fait l’éloge du temps et des femmes ! Autre scandale. Au bal de M. d’Aligre, une femme a été pincée black and blue par un mari, non moins ombragé de pana-