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m’appelant giaour. Voilà mes seuls rapports avec les beautés turques. J’ai vu à Athènes et en Asie les plus beaux monuments du monde et les plus beaux paysages possibles.

Le drawback consistait en puces et en cousins gros comme des alouettes ; aussi n’ai-je jamais dormi. Au milieu de tout cela, je suis devenu bien vieux. Mon firman me donne des cheveux de tourterelle ; c’est une jolie métaphore orientale pour dire de vilaines choses. Représentez-vous votre ami tout gris. Et vous, querida, êtes-vous changée ? J’attends avec impatience que vous soyez moins jolie pour vous voir. Dans deux ou trois ans, quand vous m’écrirez, dites-moi ce que vous faites et quand nous nous verrons. Votre « souvenir respectueux » m’a fait rire et aussi votre prétention à le disputer, dans mon cœur, aux chapiteaux ioniques et corinthiens.

D’abord, je n’aime plus que le dorique, et il n’y a pas de chapiteaux, sans en excepter ceux du Parthénon, qui vaillent pour moi le souvenir d’une vieille amitié. Adieu ; allez en Italie, et soyez heureuse. Je pars aujourd’hui pour Évreux pour affaires de mon métier ; je serai de retour