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VIII

Mon cher ami féminin,

Nous devenons fort tendres. Vous me dites : Amigo de mi alma ; ce qui est fort joli dans une bouche féminine. Votre lettre ne me donne pas de nouvelles de votre santé. Vous me disiez dans l’avant-dernière lettre que mon ami féminin était malade, et vous auriez dû savoir que j’en étais en peine. Ayez plus d’exactitude à l’avenir. C’est bien à vous à vous plaindre de mes réticences, vous qui êtes le mystère incarné ! Que voulez-vous de plus sur l’histoire du diamant, si ce n’est son nom ? Des détails peut-être ; mais ils seraient ennuyeux à écrire, et ils vous amuseront peut-être un jour que nous ne trouverons rien à nous dire, assis face à face, chacun dans un fauteuil au coin du feu. Écoutez le rêve que j’ai fait il y a deux nuits, et, si vous êtes sincère, interprétez-le. Methought que nous étions tous les deux à Valence, dans un beau jardin avec force oranges, grenades, etc. Vous