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est venue m’assaillir. Ajoutez à cela que ma poitrine va de mal en pis et que je souffre horriblement. Je retarderai mon voyage en Angleterre jusqu’au milieu de novembre. Si vous ne voulez pas me voir à Londres, il faut y renoncer ; mais je veux voir les élections. Je vous rattraperai bientôt après à Paris, où le hasard nous rapprochera si votre volonté persiste à nous séparer. Toutes vos raisons sont pitoyables et ne valent pas la peine d’être réfutées, d’autant plus que vous savez bien vous-même qu’elles n’ont aucune importance. Vous faites la railleuse quand vous dites si agréablement que vous avez peur de moi. Vous savez que je suis laid et très-capricieux d’humeur, toujours distrait et souvent taquin et méchant lorsque je souffre. Qu’y a-t-il là qui ne soit bien rassurant ? — Vous ne vous éprendrez jamais de moi, soyez tranquille. Les prédictions consolantes que vous me faites ne peuvent se réaliser. Vous n’êtes pas pythonisse. Or, en vérité, les chances de mort pour moi sont augmentées cette année. Rassurez-vous pour vos lettres. Tout ce qui se trouve d’écrit dans ma chambre sera brûlé après ma mort ; mais, pour