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j’ai assez grande envie de vous l’envoyer. J’en étais mécontent et j’avais commencé une copie d’une infante Marguerite, d’après Velasquez, que je voulais vous donner. Velasquez ne se copie pas facilement, surtout par des barbouilleurs comme moi. J’ai recommencé deux fois mon infante, mais à la fin j’en suis encore plus mécontent que du moine. Le moine est donc à vos ordres. Je vous l’enverrai quand vous voudrez. Mais son transport est peu commode. Ajoutez à cela que les invisibles qui s’amusent quelquefois à intercepter nos communications pourront peut-être bien garder mon aquarelle. Ce qui me rassure, c’est qu’elle est si mauvaise, qu’il faut être moi pour la faire, et vous pour en vouloir. Donnez-moi vos ordres. J’espère que vous serez à Paris vers le milieu d’octobre. Je me trouverai maître de quinze ou vingt jours à cette époque. Je ne voudrais pas les passer en France, et depuis longtemps j’avais l’intention de voir les tableaux de Rubens à Anvers et la galerie d’Amsterdam. Mais, si j’avais la certitude de vous voir, je renoncerais à Rubens et à Van Dyck avec la plus facile résignation. Vous voyez que les sacrifices ne me coûtent