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CLXVI

Dimanche, 3 août 1856.
D’une maison de campagne, près de Glasgow.

Je m’ennuie de vous, comme vous le disiez si élégamment autrefois. Je mène cependant une vie douce, allant de château en château, partout hébergé avec une hospitalité pour laquelle je désespère de trouver un adjectif et qui n’est praticable qu’en cet aristocratique pays. J’y prends de mauvaises habitudes. Arrivant ici chez de pauvres gens qui n’ont guère plus de trente mille livres de rente, je me suis trouvé méconnu en voyant qu’on me donnait à dîner sans instruments à vent et sans un joueur de cornemuse en grand costume. J’ai passé trois jours chez le marquis de Breadalbane, à me promener en calèche dans son parc. Il y a environ deux mille daims, outre huit à dix mille autres dans ses bois non adjacents au château de Faymouth. Il y a aussi