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PROSPER MÉRIMÉE

constance. Mérimée choisit des types francs, forts, originaux, sortes de médailles d’un haut relief et d’un métal dur, avec un cadre et des événements appropriés : le premier combat d’un officier, une vendetta corse, le dernier voyage d’un négrier, une défaillance de probité, l’exécution d’un fils par son père, une tragédie intime dans un salon moderne ; presque tous ses contes sont meurtriers, comme ceux de Baudello et des nouvellistes italiens, et en outre poignants par le sang-froid du récit, par la précision du trait, par la convergence savante des détails. — Bien mieux, chacun d’eux, dans sa petite taille, est un document sur la nature humaine, un document complet et de longue portée, qu’un philosophe, un moraliste, peut relire tous les ans sans l’épuiser. Plusieurs dissertations sur l’instinct primitif et sauvage, des traités savants, comme celui de Schopenhauer sur la métaphysique de l’amour et de la mort, ne valent pas les cent pages de Carmen. Le cierge d’Arsène Guillot résume beaucoup de volumes sur la