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magne ? Adieu ; je vous aime quoi que vous fassiez et je crois que vous devriez être un peu plus touchée de cela. Vous pouvez toujours m’écrire ici.

CLIX

Innspruck, 31 août 1854.

Je suis bien las et pourtant j’ai envie de vous écrire. J’ai la tête lourde et je suis ivre de paysages et de panoramas magnifiques, depuis quatre jours. Je suis parti de Bâle pour aller à Schaffouse, d’où l’on s’embarque sur le Rhin. À droite et à gauche, ce sont des montagnes ravissantes, beaucoup plus belles que celles, ou les soi-disant telles, qui bordent le Rhin inférieur, si admiré des Anglaises, entre Mayence et Cologne. Du Rhin, nous entrâmes dans le lac de Constance et dans la ville de ce nom, où nous mangeâmes des truites fort bonnes et entendîmes des Tyroliens jouer du ritther. Traversant le lac, nous allâmes à Lindau, où nous attendait un chemin de fer qu’on a fait passer devant les plus belles