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que tendre. Je voudrais être en disposition moins mélancolique pour en jouir entièrement. Tout ce que je puis faire de mieux, c’est de vous remercier de tout ce qu’il y a de bon dans cette lettre et de ne pas vous parler des idées plus ou moins tristes qui me viennent à son sujet. Le malheur, c’est que je ne rêve pas aussi complétement que vous. Mais laissons cela et parlons d’autre chose. Je partirai dans dix jours. J’ai été hier à la campagne faire une visite et j’en suis revenu très-las et très-triste. Las, parce que je me suis ennuyé, et triste, parce que je songeais que c’était un beau jour perdu. Ne vous faites-vous jamais un pareil reproche ? J’espère que non. Quelquefois, je crois que vous sentez tout ce que je sens, puis viennent des drawbacks, et alors je doute de tout.

Adieu ; si je continuais à vous écrire, je dirais des choses que vous ne comprendriez pas comme je les dirais