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à Athènes au temps de Périclès. Déjà les femmes étaient quelque chose. Elles faisaient faire des bêtises aux hommes. Leur pouvoir est venu, non du christianisme, comme on le dit ordinairement, mais je pense par l’influence qu’exercèrent les barbares du Nord sur la société romaine. Les Germains avaient de l’exaltation. Ils aimaient l’âme. Les Romains n’aimaient guère que le corps. Il est vrai que longtemps les femmes n’eurent pas d’âme. Elles n’en ont point encore en Orient, et c’est grand dommage. Vous savez comment deux âmes se parlent. Mais la vôtre n’écoute guère la mienne.

Je suis content que vous fassiez cas des vers de Musset, et vous avez raison de le comparer à Catulle. Catulle écrivait mieux sa langue, je crois, et Musset a le tort de ne pas croire à l’âme plus que Catulle, que son temps excusait. Il est une heure tout à fait indue. Je vous dis adieu pour bassiner mon œil. Je pleure en vous écrivant. À lundi. Priez pour que nous ayons un beau soleil. Je vous apporterai un livre. Mettez vos bottes de sept lieues.