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qu’il y avait deux ou trois personnes dans la chambre. Cependant, nous causions comme si de rien n’était ; sur quoi, je me suis éveillé, et j’ai trouvé qu’on m’apportait une lettre de vous. Voyez comme il fait bon dormir ! Je ne crois pas vous avoir écrit rien de méchant, et, par conséquent, je n’ai pas de pardon à vous demander. Ce serait plutôt à vous de le faire, et vous le faites avec si peu de contrition et tant d’ironie, que je vois bien que vous avez perdu cette vénération dont autrefois vous m’honoriez. Je ne puis rester cependant en colère contre vous, malgré mes résolutions, et je me résigne à être encore votre victime ; mais n’abusez pas de ma magnanimité. Cela ne serait ni beau ni généreux. Vous parlez de soleil et vous m’y renvoyez, c’est presque comme aux kalendes grecques ; probablement nous en aurons des nouvelles au mois de juin ; mais faut-il attendre jusque-là ? Il est vrai que vous êtes escarmentada du temps nébuleux. Mais, en prenant nos précautions, ne pourrions-nous pas profiter du premier temps tolérable ? Je ne voudrais pas que vous vous enrhumassiez à mon occasion. Mettez vos bottes de sept lieues. Vous voir n’importe en