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lez de précédents, et vous avez l’air de croire que je travaille à établir des précédents avec la patience et le machiavélisme d’un vieux ministre. Ayez un peu de mémoire et vous verrez que rien n’est plus faux. S’il fallait argumenter d’après les précédents, j’aurais cité celui du salon de la rue Saint-Honoré la première fois que je vous revis ; puis notre première visite au Louvre, qui faillit me coûter un œil. Tout cela vous paraissait assez simple alors ; maintenant, c’est autre chose. Vous avez dû voir que je fais quelquefois ce qui me vient en tête, que j’y renonce dès que j’ai la conviction que cela vous déplaît, et que beaucoup plus souvent je me borne à penser au lieu de faire. En voilà assez sur les reproches et les précédents.

Quant aux menaces, croyez qu’elles me sont très-sensibles. Cependant, bien que je les craigne fort, je ne puis m’empêcher de vous dire encore tout ce que je pense. Rien ne me serait plus facile que de vous faire des promesses, mais je sens qu’il me serait impossible de les tenir. Contentez-vous donc de notre manière d’être passée, ou bien ne nous voyons plus. Je dois même vous dire que l’insistance et l’espèce d’acharnement