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tientais. Il faut d’abord que je réponde aux points capitaux de votre lettre. — 1o J’ai reçu votre bourse ; elle exhalait un parfum fort aristocratique et je l’ai trouvée très-jolie. Si vous l’avez brodée vous-même, cela vous fait honneur. Mais j’ai reconnu votre goût récent pour le positif : d’abord, une bourse pour y mettre de l’argent, puis vous l’estimez cent francs à la diligence. Il eût été plus poétique de déclarer qu’elle valait une ou deux étoiles ; pour moi, je l’estime tout autant. J’y mettrai des médailles. Je l’aurais estimée davantage si vous aviez daigné y joindre quelques lignes de votre blanche main. — 2o Je ne veux pas de vos faisans ; vous me les offrez d’une vilaine façon, et, de plus, vous me dites des choses désagréables au sujet de mes confitures turques. C’est vous qui avez le palais d’une giaour, si vous ne savez pas apprécier ce que mangent les houris. Je crois avoir répondu à tout ce qu’il y a de raisonnable dans votre lettre. Je ne veux pas vous quereller pour le reste. Je vous abandonne à votre conscience, qui, j’en suis sûr, est quelquefois plus sévère pour vous que moi, que vous accusez de dureté et d’insouciance. L’hypocrisie, que vous