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anarchiste illégaliste qu’en dépit de tous les témoignages et des preuves accumulées de son innocence, Dieudonné s’est vu condamner, à mort d’abord ; puis au bagne à perpétuité.

Ce qui a pu attirer particulièrement l’attention sur cette victime, ce sont, pour commencer, les reportages de nos confrères Albert Londres et Louis Roubaud, lesquels ont pu le joindre là-bas et lui arracher quelques mots. Puis le manuscrit adressé à M. Chanel, gouverneur de la Guyane, contenant les souvenirs du forçat innocent.

Ces souvenirs, je les ai eus sous les yeux et l’on a bien voulu me confier le soin de les voir de près. Je les ai lus avec émotion. Oh ! l’écriture en était maladroite, quelque peu ingénue, mais combien éloquente par instants et d’une éloquence terrible.

Et quelles « remembrances » elle a fait soudain éclore ! Les bandits tragiques : Bonnot, Garnier, Valet, Callemin dit Raymond la Science, Soudy, Carouy, et les milieux anarchistes illégalistes, et toute la chevauchée sauvage, éperdue, vertigineuse, qui, durant un an, jeta la perturbation dans le public. Toute une période de folie héroïque et de crimes monstrueux. Tout un passé d’erreurs sublimes et d’égoïsme sordide.

Tout un monde sur lequel il faut s’être courbé, qu’il faut avoir fouillé pour le comprendre et oser le peindre.