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Un agent, du nom de Garnier, qui veillait en cet endroit, donna aussitôt un coup de sifflet, pour prévenir le conducteur de s’arrêter. Peine perdue. Ce dernier n’en continua pas moins sa route. Il allait même échapper à l’agent lorsque, l’autobus Montmartre-Saint-Germain-des-Prés, qui venait en sens inverse, le bloqua contre le refuge de la rue du Havre et l’obligea à freiner brusquement, calant net le moteur.

Alors, l’agent Garnier s’avança et se mit en demeure de houspiller le singulier conducteur.

Le chauffeur ne répliqua point.

Ses compagnons, dont l’un se tenait à ses côtés, l’autre en arrière, demeuraient silencieux. L’agent s’imagina avoir à faire à des étrangers. Il prit son calepin et leur déclara qu’il allait dresser procès-verbal, tout en leur enjoignant de ranger le véhicule le long du trottoir.

Le chauffeur, sans un mot, descendit de son siège. Il tourna la manivelle et remonta sur la voiture qui s’avança tout doucement, d’abord, puis augmenta subitement de vitesse. L’agent Garnier comprit qu’on allait lui brûler la politesse. Il bondit sur le marchepied.

Et ce fut le drame.

Trois lueurs, soudain, jaillirent de la voiture. Trois détonations retentirent, sèchement. L’agent lâcha la voiture, battit des bras, roula sur la chaussée.

Par un extraordinaire hasard, la rue du Havre se trouvait libre. La voiture se précipita. Elle