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Le crime avait été commis vers les quatre heures du matin. Le médecin constata que le vieillard avait reçu des coups de marteau et des coups de couteau. La servante portait des traces de coups à la figure, elle avait, de plus, le nez cassé.

Mais, en dehors de ces constatations faciles, rien.

Cependant, les soupçons se portèrent sur un certain Grau, voisin de la victime, cordonnier de son état, qui, dans les cabarets du pays, avait paraît-il, tenu des propos menaçants. Le pauvre diable l’échappa belle. Mais, comme le disait l’acte d’accusation : « les propos de Grau n’ont pas paru assez précis pour être retenus ». On abandonna la piste du cordonnier.

Et, tout à coup, sans qu’on sût pourquoi ni comment, alors que l’enquête se débattait dans le vide et que toute information sérieuse faisait défaut, voici que le nom de Carouy, de l’anarchiste Carouy, fut jeté en pâture à l’opinion. Cette fois on y joignait le nom d’un complice : Metge. Pourquoi Carouy et Metge ? Pourquoi la presse sortait-elle ces noms fournis par la Sûreté, alors que rien ne permettait de les désigner plus particulièrement que d’autres. Après les années écoulées, cela s’explique aisément. Il y eut alors une véritable crise de délation. Les mouchards affluèrent dans les bureaux de la Sûreté. La prime portée à cent vingt-cinq mille francs, ne fut pas étrangère à maints bavardages et à mille lâche-