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fois par les vagues, il s’acharna. Il réussit à ramener le naufragé vivant.

Mais si Dieudonné ne parle pas de cela, son dossier en fait mention. Le ministre de la Justice peut le lire.

Il y a encore autre chose dont Dieudonné ne souffle mot. Pas la moindre allusion. C’est le drame sentimental qui se joua dans sa triste existence.

Dieudonné avait une compagne qu’il adorait. Un jour cette dernière, prise de folie, l’abandonna. Elle rejoignit un autre homme, un anarchiste devenu son amant. Dans les milieux anarchistes, l’amour libre est la loi ; chacun comme chacune est libre de son cœur et de son corps.

Dieudonné s’inclina. Mais une affreuse souffrance le torturait.

Plus tard, il écrivit à M. Michon pour lui parler de l’épouse perdue. Il aimait toujours cette femme. Il disait :


« Pour ne pas me laisser dominer aveuglément par la passion que je ressentais et que je ressens toujours pour la seule femme que j’ai véritablement aimée, il m’a fallu déployer toute la volonté dont un homme peut disposer. Je l’aimais tellement… que le jour maudit, où elle a rencontré l’hypocrisie, où elle s’est laissé dominer par la flatterie, j’ai vu rouge… mais je l’aimais trop encore, et je respectais trop sa liberté, je me suis défendu de la faire pleurer… J’ai souffert… et je