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beauté de la vie, à l’instruction et à tout ce qui est science.

« Je lègue le revolver qui a été saisi dans ma chambre, lors de mon arrestation, à un musée de Paris, comme souvenir d’une innocente victime d’une affaire qui a jeté dans le pays un frisson d’épouvante, et, s’il est fait exécution du présent testament, je désire qu’il soit inscrit lisiblement sur la crosse du revolver, la parole du grand martyr : « Tu ne tueras point. »


Callemin, lui, avait laissé toute une série de papiers recouverts de notes et de réflexions. On y trouvait une étude sur le « crime » qui témoignait de la nature des pensées du prisonnier.


« Et d’abord qu’est-ce qu’un crime ? Ceci n’est pas une plaisanterie ; j’ai pu réfléchir, en effet, d’une façon assez utile en partant de mon cas personnel. Je suis arrivé à des conclusions qui m’ont quelque peu effrayé et que, par conséquent, je n’énoncerai pas. La conclusion définitive qui s’est imposée à moi est celle-ci : c’est l’attentat contre la vie humaine, mais je crois fermement ce corollaire nécessaire : perpétré dans certaines conditions. Je m’en tiendrai à cette formule peut-être trop synthétique pour ne pas devoir dire des choses désagréables. Cela veut dire que parfois la suppression de vies humaines est récompensée d’une façon honorifique, tandis que, dans d’autres cas, l’on voue l’individu à l’exécration universelle. »