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« J’aurais pu revenir en arrière ; j’aurais pu tirer avec mes revolvers. Je ne l’ai pas fait parce que je respecte la vie humaine.

« Je suis entré dans la gare. Quand ils se sont précipités sur moi, je leur ai dit :

« — Ne me frappez pas ! Je suis armé !

« Un homme qui dit cela, monsieur le président, ce n’est pas un homme qui veut tuer !

« J’ai pensé :

« Ils ne me fouilleront pas trop minutieusement. J’ai du poison sur moi. À la première occasion, je l’avalerai et, comme cela, tout sera fini. Et voilà toute la vérité, monsieur le président. »


Le jour même où l’on apprenait le suicide de Carouy, le Temps publiait une lettre du disparu à son défenseur. Carouy y disait ceci :


« J’ai revu, cette nuit, toute ma pauvre petite vie. J’ai eu peu de joie, peu de bonheur ; je vous l’avoue du fond de ma conscience, j’ai peut-être commis des erreurs. Tous mes rêves de bonheur se sont effondrés au moment où je croyais qu’ils allaient devenir réalité. C’est pourquoi, n’ayant pas connu les joies de la vie, je quitterai le royaume des atomes sans regrets. »


Ainsi finit l’un des hommes dont le nom, pendant des mois, était devenu le symbole de l’horreur et de l’épouvante.