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Qu’on nous permette alors de reproduire l’article sensationnel que publia Séverine, le 11 août 1912, dans le Gil-Blas, sous ce titre : Rirette !

« Un gentil nom, n’est-ce pas ? un nom qui semble d’autrefois, alors que les grisettes avaient encore des bonnets, que les moulins avaient encore des ailes, et que c’étaient cependant les bonnets qui s’envolaient par-dessus les moulins. Est-ce un nom, d’ailleurs, ou un surnom, née d’une belle humeur printanière, dû à cette clarté du visage qu’est le sourire ?

» Je le croirais assez, car je ne la connais pas. Jamais le hasard ne me l’a fait rencontrer, pas plus qu’aucun de ses proches. Je ne sais d’elle que ses portraits, des instantanés pris au hasard. Une frimousse espiègle, des yeux vifs, l’air d’une gosse — mais d’une gosse qui aurait Gavroche pour ancêtre, d’une gosse qui, après avoir bien joué, bien ri, aimé le soleil, bu du reginglard sous des tonnelles, soupiré des valses lentes, respiré pour quatre sous de violettes avec plus de ferveur que d’autres ne le font d’une rose d’un louis, saurait mourir en gaîté et en beauté… héroïquement.

» Est-elle de Paris, ma payse ? Vint-elle, petite bourgeoise évadée ou petite ouvrière aventureuse, du plus calme bourg d’une lointaine province ? Je l’ignore absolument. Paris l’a prise, voilà tout ce que je sais. Il l’a façonnée à sa manière, lui a donné le piquant de ses filles, leur grâce alerte, ce bec qui semble rosé par les cerises