Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.

on ne se donne plus la peine de mentir, à dégager un complice. D’autre part, nous l’avons déjà vu, Garnier, traqué et fuyant la police, avait proclamé, lui aussi, dans une lettre, l’innocence de Dieudonné. Que restait-il contre lui ? Le témoignage du garçon de recettes, Caby. Mais ce malheureux, dont l’esprit demeurait troublé, avait commencé par reconnaître, de la façon la plus affirmative, les yeux de Garnier. Plus tard, dans une mise en scène discutable, il avait débuté en désignant un des agents de la Sûreté qui se trouvaient à côté de Dieudonné. Cela, on le savait. Mais on s’acharnait sur Dieudonné, parce que l’anarchiste avait hanté les milieux illégalistes, qu’il avait, peut-être, donné la main à quelques menues opérations et qu’il gardait obstinément le silence, là-dessus. Après douze années écoulées, on peut dire que Dieudonné fut un peu considéré comme une sorte de bouc émissaire. On s’en prit à lui de ce qu’on ne savait pas, de ce que l’on ne pouvait savoir. Les débats n’apportèrent pas beaucoup de lumière.

Callemin, Monnier, Soudy, Carouy, Metge, ne cessaient de persifler et de réclamer les « preuves ». Gauzy put démontrer qu’il ignorait entièrement la présence de Bonnot dans sa chambre, le jour de l’assassinat de Jouin. Les autres accusés se défendaient opiniâtrement. Leur interrogatoire, du reste, ne donna aucun résultat.

Le procureur général Fabre prononça un réquisitoire violent.