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bombe, un browning, une arme pour saigner les bourgeois, pour faire un coup…

Cet individu était tiré à de multiples exemplaires.

Fou ? Provocateur ?

Il y avait aussi le conspirateur, celui qui prenait des airs mystérieux, chuchotait dans toutes les oreilles, se disait affilié à des bandes ténébreuses.

Maniaque ? Policier ?

Et l’homme de la nature ?

Un soir, c’était en plein été, les anarchistes attendaient, rue Muller, aux Causeries populaires, un conférencier, dessinateur à l’École de Médecine, qui devait traiter des rapports de l’hygiène et de la sociologie. L’heure passait et le conférencier ne donnait pas signe de vie. Soudain, on entendit un énorme bruit dans l’escalier Sainte-Marie. On se précipita. Une foule d’au moins cinq cents personnes entourait en criant, riant, vociférant, gesticulant, un individu vêtu d’un simple caleçon.

C’était le conférencier.

Un agent intervint.

— Vous êtes fou, lui dit-il. En voilà une façon de s’habiller.

L’autre le toisa avec mépris.

— Je m’habille suivant mes idées. Les pores de ma peau excrétant de la substance nocive élaborée par les glandes sudoripares doivent être libres ; voilà pourquoi vous me voyez si peu vêtu. Les fous sont ceux qui se couvrent de drap par une chaleur pareille.