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En route, il achetait, pour sa nourriture, les vivres les plus extraordinaires, des poissons pourris, des bananes en compote… Il fallait se fâcher pour l’empêcher de manger des saletés. Il prétendait encore réaliser des économies.

Un camarade impécunieux venait-il se plaindre au journal, il lui cédait immédiatement son lit. On le vit coucher dans le couloir, en plein courant d’air, par six degrés au-dessous de zéro. En d’autres temps, ce phénomène aurait fait un saint Vincent de Paul. À notre époque, s’il n’est pas devenu, lui aussi, un bandit tragique, c’est tout à fait par hasard.

Un beau jour, il hérita de quarante mille francs, monnaie d’avant-guerre ? Aussitôt, il ouvrit une imprimerie… Il se mit à éditer les écrivains anarchistes ou révolutionnaires. En un clin d’œil, les quarante mille francs disparurent. Mais jamais une parole de regret, une allusion ne sortirent de la bouche de ce singulier philanthrope.

Il mourut pendant la guerre. Sa fin fut tragique, conforme à tout ce qu’on savait de son caractère. Mais ceci est une autre histoire.



Parmi la faune qui s’épanouissait en ces lieux, il ne faut pas oublier l’individu qui, tout à coup, bondit dans les bureaux du journal, et, les yeux désorbités, réclame avec force gesticulations, une