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Ils étaient là, tous deux, plantés au coin de la rue. C’était le moment de la sortie des ateliers et des magasins, la cohue. Une foule compacte circulait autour des deux hommes sans se douter le moins du monde qu’elle coudoyait deux des féroces bandits dont les journaux contaient les exploits. Employés et ouvriers regagnaient hâtivement leur logis, sans se soucier des théories illégalistes, obéissant à l’habitude qui leur tenait lieu de nature, esclaves incurables n’ayant d’autre horizon que la servitude.

Les deux bêtes traquées paraissaient noyées dans une marée humaine.

Callemin s’avança le premier, souriant.

— Bonjour, madame Claudine, dit-il.

Garnier ajouta, chaleureusement :

— Ça, c’est gentil d’être venue.

Tous trois se prirent à bavarder, sans s’occuper de la circulation qu’ils gênaient. Un agent, paternel, débonnaire, l’agent de Crainquebille au dénouement, s’approcha du trio :

— Allons, allons !… ne restez pas là… Vous voyez bien que vous obstruez…

D’un même mouvement, à la vue du serviteur de l’autorité, Garnier et Callemin avaient mis leurs mains dans leurs poches.

— Allons, fit encore le brave agent, je vous dis de circuler !

Le pauvre diable était à cent lieues des bandits en automobile.

Garnier grogna :