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tence abominable, intolérable. Nous ne voulions pas nous rendre chez les copains pour ne point les compromettre. Mais, aujourd’hui, nous sommes à bout de force.

Il faisait pitié. Sa morgue d’antan, la superbe qu’il montrait dans les discussions, l’avaient entièrement abandonné. Ce n’était plus qu’un pauvre homme, une épave d’humanité, qui se sentait perdu, condamné…

Un petit enfant, un triste petit enfant qui cherchait aide, réconfort, protection.

Garnier, toujours sombre, ne disait rien.

— Vous avez peut-être faim ? Voulez-vous manger ?

— Non, répondit Callemin. Mais je prendrais bien une tasse de thé.

— Et moi un peu de café, dit Garnier.

Les deux boissons furent vivement prêtes. À pas feutrés, avec des gestes lents, Rirette servit les deux hommes.

Une angoisse étreignait le cœur de Kibaltchiche qui savait la maison entourée de policiers. Malgré tout, il s’efforça de se montrer gai.

— Eh bien ! Raymond, voilà que tu transiges avec les principes. Et toi, Octave ? Vous buvez du thé, du café. J’ai bien peur que vous ne soyez amenés à d’autres concessions.

— Si on nous en laisse le temps.

C’est Callemin qui a répliqué. Et son visage est devenu dur.

Mais Garnier sort brusquement de son mutisme.