Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans un adieu, sans la plus petite manifestation. S’était-il jugé lui-même et condamné. Mystère d’une âme farouche. Mais tous ceux qui l’avaient connu ne furent pas surpris de cette mort. Elle apparut comme un dénouement fatal, logique, naturel.

Soudy, l’homme à la carabine, était le type parfait, idéal, du « Pas de chance » en même temps que le gavroche incurable.

À onze ans à peine, ce lamentable gamin se voyait obligé de gagner sa triste existence en qualité de garçon épicier. L’enfance abandonnée, l’absence de soins, d’éducation, de tendresse familiale expliquent et excusent bien des choses. Soudy, livré à lui-même, sans appui, se donna promptement aux idées de révolte. Affilié au Syndicat de l’Épicerie, il commença par récolter un mois de prison pour distribution de tracts, au cours d’une grève. On ne sait jamais ce que peuvent entraîner de redoutable, des condamnations de ce genre dont de tout jeunes gens tombent victimes. Puis il cueillit encore trois mois.

Ces condamnations l’ulcérèrent profondément.

Pendant près de deux années, le jeune Soudy avait vécu avec une cousine qu’il adorait ? Un soir, elle partit. Elle allait se jeter dans la noce. Éternelle histoire. Il pleura toute une année, inconsolable. Puis, brusquement, une nuit, à Montmartre, il se trouva nez à nez avec elle. L’idylle reprit quelque temps.

Mais elle fut prompte. Elle fila comme un