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Conquis, le misogyne Callemin se rendit, avec armes et bagages. Et ce fut l’idylle, brève, parmi les heurts, les dangers, les menaces, les poursuites, toute l’existence de la bête traquée. La science était reléguée au second plan. Les deux amoureux se mirent à courir, chaque soir, les concerts classiques, bras dessus, bras dessous. Cela au moment où la police, sur les dents, cherchait partout les assassins du garçon de recettes Caby.

Après quoi ils remontaient la rue de la Tour-d’Auvergne où Callemin, provisoirement, s’abritait chez son camarade Jourdan. Que de rêves d’avenir ne furent pas ébauchés, en ces heures sinistres, par ce bandit si faible et si douloureux et sa maîtresse enthousiaste ! Ils en arrivaient à oublier.

Mais, un soir, Callemin s’aperçut qu’il était suivi.

— Il y a un homme qui se traîne derrière nous, dit-il, à sa maîtresse. Ce type-là m’embête.

Elle se mit à rire.

— Ne t’inquiète donc pas. Ce type-là, je l’ai déjà repéré… Un suiveur de jupons. C’est sûrement moi qu’il suit.

— À moins que ce ne soit un policier.

— Penses-tu ! il est trop bien chaussé.

Callemin se sentit un peu rassuré.

Il quitta sa maîtresse, comme d’habitude, à la porte de l’immeuble qu’habitait Jourdan.

Le lendemain, il était arrêté.

Cette arrestation s’accomplit dans de telles conditions qu’il n’y vit que du feu.