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Tout cela n’était pas très dangereux. Cette tanière installée à deux pas de Paris ne paraissait point redoutable.

Parmi ceux qui se retrouvaient fidèlement aux réunions organisées là, particulièrement l’été, ou rencontrait des jeunes gens qui répondaient aux noms de Callemin, de Garnier, de Carouy, tous les trois déjà de vieux amis, ayant vécu ensemble à Bruxelles. Ils arrivèrent à la colonie à l’époque où s’épanouissaient les théories illégalistes. Ils finirent par s’installer complètement. Callemin composait à l’atelier, Carouy tournait la machine, Garnier jardinait.

Le trio était inséparable. Et, pourtant, ils différaient essentiellement l’un de l’autre, de goûts, de tempéraments, d’éducation. Ce qui ne les empêchait nullement de discuter avec âpreté sur l’individualisme, la reprise individuelle, la fausse monnaie, etc…

Cela vint à un point que l’illégalisme aboutit à une sorte de sectarisme. Ce fut comme un article de foi.

Et, dans cette atmosphère particulière, il ne faisait pas toujours bon de soutenir un avis opposé à celui des autres. Kibaltchiche dit le Rétif, ami de Mme Rirette Maîtrejean, en sut quelque chose pour son compte. Déjà il se dressait contre ce courant d’idées et de méthodes qu’il estimait dangereux et pernicieux. Un soir de Juillet 1911, au cours d’une conférence sur l’illégalisme dans une salle de la rue Ordener, Kibaltchiche protesta à