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— Mais le plus drôle, disait-il, c’était la tête de l’épicier. Ah ! quelle bobine ! Chaque fois qu’il tournait le dos, fût-ce une seconde, il constatait la disparition d’un poulet sans pouvoir comprendre comment cela s’était fait. Et il roulait des yeux ahuris ! Il ne lui vint même pas l’idée d’explorer les environs.

« Le déjeuner, ajoutait le poète, fut un des plus succulents de mon existence. »



L’art de la fausse monnaie fut aussi à la mode et pratiqué avec ferveur. Par malheur, cette industrie ne nourrit pas son homme. Il n’y a que les intermédiaires qui y trouvent profit, alors, que le fabricant aussi bien que l’émetteur courent tous les risques. Cela, d’ailleurs, réclame une organisation assez compliquée et trop étendue. D’où des chances de délations et des surprises désagréables.

Un de ces anarchistes faux monnayeurs fut, un jour, victime d’une fort mauvaise plaisanterie. Il venait de passer un beau louis en cristal à une commerçante lorsqu’il s’aperçut une fois dehors, que la bonne femme lui avait rendu en échange une pièce en plomb. Fureur du voleur volé. Il tempêta, hurla des imprécations contre ces cochons de bourgeois. C’est tout juste s’il ne parla pas d’appeler la police. Mais ses principes s’y opposaient.