Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un autre jour, je l’entendis déclamer sur la morale qu’il assimilait à l’hygiène. Pour lui, l’homme moral était celui qui se lavait les pieds. C’était d’un cocasse irrésistible.

Nourri de brochures de propagande et de « causeries éducatives », le pauvre Libertad croyait que c’était arrivé. Et, après lui, d’autres qui se proclamaient ses élèves, le crurent. Cela explique les bandits.

Je dois noter qu’à côté de Libertad, un autre militant eut une énorme influence dans les milieux anarchistes. Il se nommait Paraf-Javal. Celui-là était un « scientifique ». Il a beaucoup écrit, beaucoup parlé. Il se séparait nettement des individualistes purs, poussés à l’école de Stirner, de Tucker, de Nietzsche. Il y eut même scission et bagarre entre les deux groupes et cela se solda par des morts et des blessés.

Mais nous avons laissé Libertad à la tête d’une imprimerie.

En même temps, Libertad imaginait ce qu’on a appelé Les Causeries Populaires. C’était une série de conférences qui eurent un moment une grande vogue. Le journal vivait des quêtes faites aux Causeries et de la vente de brochures dans les meetings et réunions publiques. Il se développa peu à peu.

Quelques mois après, Libertad louait une maison rue du Chevalier-de-la-Barre, aux flancs de la Butte. Elle se composait d’un sous-sol, d’un rez-de-chaussée qui servait de boutique et de