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venir que, vous obstinant dans vos déductions, vous iriez au devant de cruelles mésaventures. Non point que je craigne l’intervention des hommes. Je suis assez fort pour les braver. Mais j’ai besoin encore de quelque répit pour mener jusqu’au bout certaine œuvre essentielle à laquelle je tiens énormément. Il me serait très désagréable d’avoir à lutter et à me défendre avant l’heure que j’ai fixée. Je vous conseille donc, dans votre intérêt comme dans le mien, de ne pas pousser trop loin vos investigations. Je vous répète qu’il y a danger — et pas seulement de mort, ce qui ne serait rien — mais danger terrible, inimaginable, devant lequel l’être le plus étincelant de courage ne pourrait que reculer, apeuré.

Vous serez, d’ailleurs, fixé un jour prochain. Plus prochain même que vous ne l’espérez. Vous saurez ce que je fais des jeunes gens qu’on me procure et comment ils vont concourir, malgré eux, certes, au bonheur de l’humanité entière. Mais d’ici là, prudence. Tournez plusieurs fois votre plume dans votre encrier ou occupez-vous d’autre chose.


Cet avertissement inouï portait la signature : le savant inconnu.

Je froissai, un peu fiévreux, cette étrange missive dans mes doigts crispés. Puis je me croisai les bras et attendis. Mes camarades demeuraient muets de surprise. Je discernais sur leurs visages, les reflets de l’ahurissement. Seul, le vieux Coquet rompit le silence.

— J’ai connu, autrefois, le fameux Lemice-Terrieux…