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gligea complètement la série des cambriolages pour ne se passionner qu’à la série des enlèvements. Car nul n’hésitait à ce sujet : tout le monde croyait à des rapts d’un genre particulier. Les journaux, loin de chercher à calmer la surexcitation de la foule, jetèrent, au contraire, de l’huile sur tout ce feu. Les polémiques s’envenimèrent. Un organe de droite accusa nettement la franc-maçonnerie, sorte d’association occulte de l’époque, ennemie acharnée de la religion. D’autres attaquèrent les juifs. Bientôt, le régime lui-même fut mis en cause. Un groupe de cardinaux et d’évêques lança un appel véhément à la révolte, engageant les fidèles à défendre les serviteurs de Dieu et à combattre les lois laïques. Et le gouvernement de la Troisième République qui venait à peine d’échapper aux complications nées des cambriolages audacieux des principales banques, se retrouva dans une situation encore plus périlleuse.

Je résolus, alors, de dire mon mot. Ah ! je me souviendrai éternellement dans cette vie — si je la conserve — ou dans l’autre — s’il en est une — de l’article que j’écrivis d’un trait, à la table d’une brasserie du faubourg Montmartre, devant un demi de bière blonde. Cet article qui me valut, après rapide lecture, une collision avec mon rédacteur en chef, lequel se jeta à mon cou et m’embrassa fougueusement, je l’ai retrouvé dans mes notes, au fond d’un tiroir. Je le transcris ici pour la clarté de ma narration. Il s’ornait de manchettes, titres et sous-titres alléchants : voyez : Le Savant inconnu ou le Mystère des Cambriolages. L’Énigme des disparitions. Ce qu’on peut savoir ! Ce qu’on peut présumer. Ce qu’on peut redouter !