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— Où vas tu pêcher de telles idées ?

J’étais stupéfait et quelque peu épouvanté. Mais il n’y avait en somme rien d’invraisemblable dans cette nouvelle hypothèse, pour monstrueuse qu’elle me parût. Car, enfin, quatre jeunes prêtres en quelques jours !… J’hésitai, pourtant, à avaliser de telles traites sur l’inconnu.

À cet instant, Juliette se rapprocha encore de moi. Ses yeux mi-clos laissaient échapper une double flamme. Jamais je n’oublierai cette minute. Elle parla, d’un ton très bas, doucement, ses lèvres contre les miennes, comme si elle voulait me souffler sa pensée, me faire absorber sa conviction.

— Réfléchis. Il y a, dans l’histoire des hommes des fables qui terrifient… des tentatives d’hallucinés. Qui te défend d’imaginer je ne sais quelle opération de transfusion de sang jeune ?… Ou des recherches sauvages dans le cerveau humain… Ou encore, car tout peut être vrai, n’est-ce pas ? un fanatique opérant pour la plus grande gloire d’une divinité sanglante et cruelle ? Et ce n’est pas tout. J’ai lu, quelque part, qu’il existait encore des sectes de cannibales… Non point que ces sauvages aient un goût prononcé pour la viande humaine, mais parce qu’ils lui attribuent des vertus de rajeunissement. Tu vois ça d’ici… Je te fournis le thème. Cherche, mon petit, cherche et brode là-dessus.

Je m’étais levé en proie à une agitation fébrile et mes talons claquaient dans la chambre.

— Ce n’est pas sérieux… C’est absurde. Non, vraiment, je ne puis écrire de telles choses. On me traiterait de feuilletoniste divaguant.