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gageai à revenir sur cette affaire, dans le prochain numéro du journal. Puis, l’avouerai-je, le curé parti, je cessai d’y penser.

J’avais du reste d’autres chats à fouetter. L’abbé Forel n’était pas le seul dont j’ignorais le sort. Juliette, elle aussi, demeurait invisible. Juliette ne daignait plus me faire parvenir de ses nouvelles. Oubli ? Absence ? Accident ? J’enrageais de ne pouvoir la retrouver, la rejoindre et, surtout, de n’avoir su obtenir d’elle le moindre menu aveu. Que savais-je ? Qu’elle se nommait Juliette ; elle m’avait tout donné d’elle et elle m’avait tout dissimulé.

De service, ce matin-là, je me tenais, mélancolique, à ma table, bâillant à me décrocher la mâchoire, lorsque le poète Coquelicot fit son entrée.

— Quoi de neuf ? demandai-je sans lever la tête.

— Peuh ! rien… Ah ! si pourtant… Un jeune abbé disparu depuis trois jours, introuvable…

— Vous dites, un jeune abbé… Où ça ?

— À Suzy-les-Bois, dans la banlieue.

— C’est curieux… Ça fait le deuxième depuis une semaine… Vous vous rappelez… un vicaire nommé Forel, qu’on n’a pas retrouvé encore.

— C’est à croire qu’ils se sont donné le mot, affirma Coquelicot. Il doit y avoir du jupon là-dessous.

La conversation bifurqua. Dans un coin du bureau, le jeune Level racontait en riant qu’on avait installé des postes sur les toits et à tous les étages des banques menacées… Les agents, disait-il, la trouvaient mauvaise. Ils redoutaient de tomber dans l’hypnose brusquement, en plein air, et de perdre l’équilibre… Jamais