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bandes tumultueuses. Une nouvelle interpellation à la Chambre, qui provoqua un pugilat et manqua mettre le ministère en minorité, exaspéra encore les passions. Et l’on vit, sur l’ancienne place de la Concorde, une bruyante manifestation conduite par un général en retraite dont le plus clair mérite venait de ce qu’il n’avait rien compris à la grande guerre de 1914-1918 où il ne cueillit que de retentissantes défaites. Une contre-manifestation s’organisa immédiatement et la bagarre éclata. Les policiers se mêlant de l’affaire, le désordre régna bientôt, souverainement. Le sang coula sur le pavé. J’avais déjà assisté à quelques manifestations de ce genre. Mais je puis bien proclamer que jamais je ne vis autant de femmes piétinées, échevelées, hurlantes, et de faces démolies. Ce fut, pour tout dire, homérique et j’en tirai un papier qui fit sensation.

Cela, cependant, ne nous donnait pas la clé de l’énigme. On n’en apprenait pas davantage sur les redoutables oiseaux de nuit qui connaissaient si merveilleusement la façon dont on pénètre dans les immeubles les plus hermétiques, à la barbe des agents, des soldats et des veilleurs de nuit. Ce qu’on savait mieux, c’était le compte exact des sommes évaporées. Le total dépassait les deux milliards. Somme énorme en dépit de la cherté de la vie consécutive à la guerre.



Un soir que j’épiais anxieusement les prunelles de Juliette, ces sombres prunelles où l’ironie ne cherchait