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me précipitai sur les boulevards. On ne rencontrait que des groupes agités, véhéments, qui disputaient avec violence. À la Banque Internationale, un triple cordon de forces contenait difficilement la foule hostile. J’eus de la peine, malgré ma qualité de journaliste, à pénétrer dans l’immeuble. J’examinai les lieux. Je constatai l’ouverture du plafond qui avait livré passage aux énigmatiques bandits. Je me penchai sur les coffres-forts ; j’interrogeai, sans résultat, les gardiens ahuris, à peine réveillés. Finalement je n’emportai de cette visite rapide que les doléances grotesques du chef de la Sûreté, de plus en plus abasourdi.

— Quelle histoire ! Tonnerre de tonnerre ! Quelle histoire !

Le soir même, le Vespéral, prenant les devants sur ses confrères, dénonçait l’incurie de l’Administration, réclamait la destitution des fonctionnaires de la police. Les journaux du lendemain firent chorus. Mais le grand quotidien Lutèce alla plus loin que les autres. Il rappela que, depuis des années, l’Allemagne violant les traités construisait des avions silencieux et demanda s’il n’était point permis de diagnostiquer dans les derniers événements la main de l’ennemi.

Cette accusation provoqua une émotion formidable. Le gouvernement crut devoir, dans un communiqué reproduit par toute la presse, démentir cette allégation. Mais nul ne prit le démenti au sérieux. Et la politique, naturellement, s’en mêla.

La politique ? Peut-on seulement soupçonner aujourd’hui la signification d’un tel vocable qui, après tant d’années englouties dans le tiroir du temps, ne