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— Ben ! Quoi !… c’est pas la peine de rire… Ce n’est pas le seul qui m’ait fait du plat — ni le premier pour sûr.

— C’est ça… fâche-toi… mets-toi en colère. Tu es adorable.

Je ne songeais plus qu’à elle et je l’entraînais.

Je passai mon bras sous le sien. Mais soudain je me frappai le front, du poing, furieusement.

— Sacré nom… Et moi qui oubliais…

— Quoi donc, interrogea Juliette, inquiète déjà, que t’arrive-t-il ?

— Mon papier, sapristi de sapristi, mon papier ? Il faut que je fasse mon papier. Et Millot que j’allais plaquer sans crier gare.

— C’est Monsieur qui est Millot ? questionna Juliette.

— Mademoiselle, salua le reporter.

— Et Monsieur est journaliste ?

— Pour vous servir, mademoiselle.

— Eh bien ! pour une fois, pourquoi ne feriez-vous pas son « papier », gentiment, en bon camarade que vous êtes ?

Cela fut dit d’un tel ton, avec une voix si doucereuse et elle accompagnait sa prière d’un tel sourire ensorceleur que le petit Millot me regarda embarrassé, prêt à marcher.

J’insistai à mon tour.

— Pourquoi pas ? Quand ton papier sera terminé, il te sera facile de reprendre certains détails, de les corser, de les arranger… tu mettras ce que tu voudras… mais pas de blague… hein ?