Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pas la peine, me dit-il. Tu n’en sauras pas davantage. Les gens qui ont fait le coup sont très forts. Ils nous dépassent tous.

Je l’examinai avec un peu de méfiance.

— Vraiment, tu n’as rien appris ?

— Pas plus que toi… Veux-tu que je te dise ? Nous perdons là un temps précieux. Allons prendre un bock, sur les boulevards, et nous aviserons aux moyens de sortir un papier « potable ».

Je le suivis. Au dehors la foule était moins dense. Le soir tombait, un soir très doux où traînaient des parfums de fleurs et de femmes mêlés à l’odeur de moisi de la ville. Paris s’assoupissait comme une chienne fatiguée. À peine franchissions-nous le seuil que j’entendis, derrière moi, la voix furieuse et désenchantée du chef de la Sûreté :

— Quelle histoire ! Tonnerre de tonnerre ! Quelle histoire !



Comme nous luttions pour nous glisser hors de la masse des curieux, soudain, un cri :

— Robert.

— Toi, c’est toi, ici ?

Juliette, souriante, toute rose, Juliette qui posait sa main gantée sur mon bras, m’entraînait, vite, vite, écartant d’un geste menu, d’un regard, d’un « pardon » léger, les rangs pressés de la foule obstinée. J’ai toujours admiré qu’une femme puisse ainsi creuser son