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sont venues l’une après l’autre. Cent soixante-cinq qui seront suivies de plusieurs autres.

Oh ! j’entends d’ici les ricanements et les gloussements heureux. Il me semble voir les haussements d’épaules, les sourires de pitié, les grimaces dédaigneuses…

Cependant, qu’on s’étonne, ou qu’on s’indigne, ou qu’on s’esclaffe, je prétends poursuivre un récit que d’aucuns ne manqueront point d’estimer fantastique. Je le sens tout embroussaillé de difficultés, vêtu d’étrangeté. J’assure néanmoins, que je saurai le tremper dans la pure et claire vérité, l’étayer sur des faits, rien que des faits, vécus, observés, aisément contrôlables.



Si je poussais la présomption jusqu’à me considérer comme un écrivain — au sens que l’on accordait, naguère, à ce mot — j’insisterais volontiers sur cette matinée bruineuse où la tristesse d’hier le dispute mollement à la splendeur de demain et par quoi doit débuter une histoire aussi véridique qu’inadmissible. D’un pinceau hardi, je vous brosserais le ciel bas duveté de flocons gris perle frangés de rose. À moins que vous ne le préfériez pommelé de petits nuages rougeâtres rayés de vert tendre, avec des reflets mauves ou dorés… La lumière, naturellement, jouerait derrière ce rideau de nuées éclectiques et, dans l’air limpide, des vols d’hirondelles composeraient un amusant fouillis de traits capricieux, comme en un croquis d’écolier.

Tant il est vrai qu’on atteint à de faciles effets en