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résolu de les instruire, de les armer, de les mettre à l’abri, d’abord. D’où les enlèvements. L’histoire se répète. Mon cher Doucet…

Il me cherche et m’appelle de son regard muré. Je m’approche.

— Je vous ai fait jadis beaucoup de mal. La fatalité me conduit à vous infliger de nouveau la douleur. Mais, que voulez-vous ? Je n’avais pas le choix. J’ai opéré comme autrefois, à l’aide de la femme…

Un râle s’élève de ma gorge.

— Judith !

— Oui, Judith, votre épouse… celle que vous aimez comme vous avez aimé Juliette. Toutes deux vous ont trahi. Rien que de naturel.

— La coquine !…

— Taisez-vous. Judith avait plus qu’une excuse, une justification. Car elle n’est pas seulement la Femme…

— Que voulez-vous dire ?

Il prend son temps et avec une douceur impressionnante :

— Elle est la Mère.

Le mot tombe sur mon exaltation comme un seau de glace. Judith, la mère… la mère de mes enfants… et la femme de l’ogre. Elle a défendu sa couvée contre moi. Je me plie en deux, écrasé.

— Par la femme, j’ai pu organiser les enlèvements. Vous avez cherché ces enfants, obstinément, mais sans succès. Ils vivaient joyeusement dans une île du Pacifique, imperméabilisée par mes soins. J’ai brouillé les ondes autour d’eux, annihilé la lumière,