Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’ai cru devoir, reprend Ugolin, consulter le Sage des Sages, Celui qui s’isole et qui a toujours paru dédaigner nos préoccupations, le représentant-type d’une antique race de contemplatifs, le vieux des vieux, Tu-Tsein-Phou. Je l’ai appelé comme un frère. Et il m’a initié. Il m’a appris qu’il y avait autre chose. Autre chose, sentez-vous cela ? Mais laissez-moi vous interroger. Quelqu’un a-t-il jamais vu ce Jaune se renouveler selon notre méthode, à l’aide du bistouri et de l’extraction testiculaire ? Inutile de répondre. Tu-Tsein-Phou a son procédé que nul n’a pu lui dérober et qu’il m’a divulgué. Il se moque bien de nos opérations de brutes ? Il récolte la jeunesse dont il a besoin par des moyens plus élégants ? Tenez-vous bien, mes amis, et persuadez-vous que ma raison est intacte. Tu-Tsein-Phou absorbe la force, l’énergie, l’intelligence, l’âme en un mot, de ses semblables, par les yeux. Il place le patient devant lui, libre, et rien que par l’emprise de son regard auquel rien ne résiste, il le soumet. L’autre cherche en vain à se débattre. Il lui faut céder à la force magnétique. Peu à peu, toute sa volonté accumulée dans ses yeux, le vieux Jaune attire à lui la substance vivante de sa victime hypnotisée dont l’esprit voltige comme un oiseau. Et il le boit, il le boit… Alors que voulez-vous que lui fassent nos renouvellement sans portée, à cet avaleur d’âmes qui ne laisse, après son festin de serpent, que loques desséchées ? Malheureusement, il est un inconvénient très grave à cette méthode. Tu-Tsein-Phou se trouve dans l’obligation de recommencer souvent, trop souvent, presque chaque semaine. Il a consommé,