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ma bévue… On ne monte pas très haut en tablant sur les parties basses.

Cette déclaration me déroute. Quel phénomène s’est donc accompli dans l’esprit d’Ugolin ?

— À ma première crise, j’étais suffoqué de surprise. J’ai cru à l’accident. Mais depuis ? Autour… de moi, j’ai senti s’agiter les convoitises. La place était bonne à prendre, n’est-ce pas ? S’installer dans la Trinité Scientifique, sur le fauteuil d’Ugolin, usé, fini, condamné, quel rêve ! Et quelle sottise ! Car j’avais eu le temps de méditer et, cependant que ma vue s’en allait, ma vision se faisait plus claire, plus aiguë. La place d’Ugolin ? Allons donc ! Quand Alexandre meurt, ses généraux dispersent et perdent l’empire. Puis, comment auraient-ils pu voir ce que je voyais ? Le voyez-vous, vous-mêmes ? Vous êtes-vous trouvés en face de la Mort, telle que je l’ai contemplée, avec son beau visage triste et fraternel ? Ah ! la Mort ! vous persistez à la fuir, à la redouter. Vous la repoussez. Et elle vous ouvre ses bras charitables.

Une longue quinte de toux déchirante. Ugolin agite son doigt osseux, comme s’il voulait nous la désigner, l’Autre, la Sournoise, Celle qu’il a tant combattue, victorieusement, et avec qui il vient de conclure un traité de paix.

— Je l’ai vue, vous dis-je. Elle n’a rien de commun avec ces hideuses caricatures qui la représentent décharnée, les orbites trouées. C’est la Sœur. C’est la Mère. Elle m’a parlé. Elle m’a dit, écoutez ce qu’elle m’a dit : « Pourquoi me repousser ? Vous viendrez fatalement à moi, quand la lassitude s’emparera de