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V


Voici que je termine. Je n’écrirai plus une ligne quand j’aurai transcrit ici mon dernier entretien avec Ugolin. Après quoi, ce manuscrit décousu où règnent les erreurs et les omissions, et que j’ai composé au hasard, en des heures de fièvre, de désespérance, de noire amertume, s’en ira où il pourra. Tant pis si les hommes nouveaux ne veulent pas me croire. Je sais bien, moi, que je n’ai pas rêvé et qu’une fois de plus, Prométhée est tombé vaincu. Je sais. Et, avant que sonne l’heure maintenant prévue, où je m’enfoncerai sous de moelleux édredons, dans le creux du grand sommeil, j’assiste, un peu goguenard, aux préludes d’une nouvelle Révolution.

On ne fonde rien de durable. Les hommes constamment défont ce que d’autres hommes ont fait. Ce qu’ils appellent le progrès n’est qu’une longue suite de sauts en avant et en arrière. Il y aura encore des jeunes qui pousseront les vieux vers la tombe. Il y aura